Préserver la biodiversité, c'est rentable !

La déforestation n’est pas une fatalité. Pourtant, depuis des décennies, elle se développe, détruisant des milliers d’hectares de forêt. Si les populations locales se rendent parfois complices malgré elle, le plus souvent pour des raisons économiques, préserver la biodiversité peut s’avérer tout aussi rentable. Focus sur la réserve de Vohimana à Madagascar.

L’anecdote pour briller dans les dîners en ville 

La réserve de Vohimana, à Madagascar, abrite sur 5km² trois fois plus de grenouilles que les 290 000 km² d'Europe de l'Ouest, mais également 11 espèces de primates et 70 espèces d'orchidées.

C’est l’histoire de Vohimana, une réserve expérimentale

Tout commence en 2000. Olivier Behra, spécialiste des crocodiles, crée la réserve de Vohimana avec deux collègues malgaches. Leur objectif ? Initier les populations locales aux ressources de leur environnement et leur donner les moyens d’en vivre autrement qu’en déforestant.

Biodiversité vs. monoculture : le match pour l'avenir

Ne nous voilons pas la face : la raison principale de la déforestation, c’est l’argent. En favorisant des monocultures comme les palmiers à huile ou le soja, ce sont des milliards de dollars qui entrent en jeu. Des sommes faramineuses qui vont essentiellement aux multinationales, lesquelles trouvent appui auprès des populations locales en leur versant un infime pourcentage. Mais cet infime pourcentage représente pour ces une rétribution loin d’être anodine. Alors, est-ce le serpent qui se mord la queue ?

Pour sensibiliser à la préservation de la biodiversité, il faut démontrer aux populations locales que les richesses présentes dans la forêt ne le sont pas que d’un point de vue biologique ou environnemental : elles ont aussi une valeur monétaire. Ainsi, une nouvelle voie apparaît : si protéger la forêt rapporte autant que la détruire, alors un nouveau modèle fonctionnel s’esquisse. Une récente étude menée à grande échelle montre que les bénéfices économiques de la préservation de la biodiversité sont supérieurs à la transformation d’habitat naturels en agriculture classique.

Vohimana, un joyau unique de biodiversité

Ce modèle repose sur un écosystème vertueux pour l’Homme et pour l’environnement. C’est cette vision qui a poussé Olivier Behra et ses collègues à tenter une expérience au cœur de Madagascar. La réserve de Vohimana est un réservoir naturel où cohabitent lémuriens, caméléons et grenouilles. Des espèces endémiques, dont certaines sont menacées d’extinction.

Si la faune est impressionnante, la flore n’est pas en reste. Outre les orchidées, la forêt regorge de plantes aux 1001 vertus. Parmi les 160 espèces de plantes médicinales inventoriées par l’Homme et l’environnement, certaines sont déjà utilisées dans l’industrie pharmaceutique. Les huiles essentielles, comme le ravintsara, font partie de l’arsenal bien connu des adeptes de médecines naturelles.

Olivier Behra et Yann Arthus-Bertrand à Vohimana
Olivier Behra et Yann Arthus-Bertrand à Vohimana

Le modèle Vohimana

Avec l’association L’Homme et l’environnement, Olivier Behra a tenté un coup de poker pour sauver Vohimana. En 2001, le scientifique Denis Vallant en avait prédit la disparition au vu des désastres de la culture sur brûlis. Il a donc fallu sensibiliser la population, la former et l’accompagner pour que la forêt devienne une source de revenus sur le long terme.

20 ans plus tard, le coup de poker s’est transformé en exemple. En intégrant le développement local dans la préservation de la biodiversité, le pari d’Olivier Behra s’est transformé en réalité. Construction d’une école, installation d’alambiques en forêt pour extraire les huiles essentielles, construction de distilleries, installation d’un centre de santé… Les actions se sont orientées sur le durable pour soutenir et impliquer la population.

L’or vert : valoriser la biodiversité

Des plantes qui font du bien

La nature est une source de bienfaits. Nos médicaments, mais aussi nos soins contiennent des ingrédients qui proviennent des plantes. Aujourd’hui, les marques de cosmétiques parmi les plus prestigieuses intègrent à la composition de leurs produits des actifs issus de plantes trouvées au cœur de la forêt malgache. 

En identifiant les plantes les plus intéressantes et en les cueillant dans le respect du rythme de la nature, il devient possible de créer un cercle vertueux brisant les usages destructeurs. Les populations locales peuvent remplacer les revenus de la déforestation par ceux de la protection de leur environnement unique au monde. Un équilibre gagnant-gagnant plus durable.

Témoignage d'un cultivateur de saro

Envie d'agir ?

Vous le pouvez !

En achetant des huiles essentielles sur le site Connected Beauties qui reverse 1 euro par flacon directement à la communauté productrice de la forêt de Vohimana.